" Les droits des Françaises ont beau avoir très largement évolué, rien n'est encore gagné : ni sur les modes de garde, ni sur le partage des tâches, ni sur l'aménagement des horaires, ni sur les stéréotypes persistants, ni sur la parité dont le principe est pourtant inscrit dans la Constitution, ni sur l'IVG et la contraception, ni sur la violence, ni sur le poids des traditions. On ne change pas une société à coups de décrets, certes. Mais si se poser quelques heures, le temps de débats et d'échanges, peut faire bouger les lignes, alors on pourra dire que ces états généraux auront eu leur raison d'être. Il faudra juste espérer que de prochains soient inutiles... "
Michèle Fitoussi

Nous avons pris la parole...

Quarante ans après la tenue des premiers états généraux de Elle, en 1970, et après sept mois de débats et des rendez-vous dans cinq villes de France où de nombreuses femmes ont pu prendre la parole, ELLE clôture les Etats généraux de la femme 2010, à Sciences Pole 7 mai . Notre association a participé à cet événement majeur.

Les mères au coeur des inégalités, et des pressions...

Les luttes des femmes sont, hélas, toujours d'actualité, et bon nombre d'entre elles ont à mettre en avant, encore et toujours, beaucoup de force et de courage pour gérer des situations parfois difficiles, dés fois dramatiques. Travail à temps partiel subi, salaire inégaux, paupérisation croissante, séparations,… les femmes (et beaucoup d'entre elles sont mères) avancent péniblement dans une société qui les jugent, plus qu'elle ne les soutient.

Des mères de plus en plus fragilisées par le système

Elles représentent 54% des personnes prise en charge avec leurs enfants, par le secours catholique en 2009.

Des mères qui ont du mal à percevoir des pensions alimentaires pour leurs enfants ; selon le Senat, " (..) seulement 15 % des familles monoparentales avec un seul enfant âgé de - de 3 ans en bénéficient, et 41 % pour les familles de deux enfants de + de trois ans. " Il faut savoir que le montant moyen des contributions alimentaires s'élève à 150 euros.

Ce n'est pas pour autant qu'on ne leur a pas demandé de partager leurs allocations familiales dans le cadre d'une séparation parentale (en cas de garde alternée) comme d'ailleurs leur bonification retraite au titre de la maternité, pour pallier à une " discrimination " homme/femme, alors qu'on sait qu'aujourd'hui les femmes (qui touchent une retraite) touchent 60% de la retraite moyenne des hommes, et que parmi les retraités qui touchent moins de 500 euros par mois, 83% sont des femmes.

Des discriminations qui ne sautent visiblement pas aux yeux de la Halde!

Des mères de plus en plus séparées aussi...


Dans les années 60 un couple sur 10 divorçait, aujourd'hui c'est un sur trois, et un sur deux dans les grandes villes. Cette donne a profondément changé le cadre de la famille avec son cortège de souffrances dans tous les cas, et de procédure judiciaires dans bien des cas. C'est le constat que nous faisons, aux prises tous les jours aux appels de mamans dans des situations de violences, de harcèlement, de danger, qui n'arrivent plus à protéger leurs enfants parfois.

Une femme et bien souvent une mère, meure tous les 3 jours en France sous les coups de son conjoint. Selon l'Observatoire national de la délinquance, seulement 10% des femmes déposent plainte si l'auteur est ce conjoint, et 8% s'il s'agit d'un autre membre de la famille,

  • Ainsi Tanja cette jeune mère de 26 ans assassinée par son ex mari, malgré les 11 mains courantes déposées au commissariat, elle laisse un fils de 18 mois.
  • Aynur, victime de violences conjugales qui se réfugie auprès d'une association avec ses enfants, à l'insu de son mari, et qui, en première audience, est condamnée à 3 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Dunkerque et 800 euros de dommages-intérêts pour ne pas avoir communiqué au père sa nouvelle adresse.
  • Ou encore Sabrina, que l'on retrouve sous sa tente dans une rue de Toulouse le mois dernier, qui, malgré l'agression au poignard sur sa personne par le père, voit ses enfants, deux ans et 8 MOIS, confiés à la garde du parent agresseur, et elle contrainte à des droit de visite de deux jours par semaine.

Il faut savoir que la justice familiale ne prend pas en compte les violences conjugales (deux procédures différentes), et ces violences perdurent à l'occasion de l'exercice de l'autorité parentale.

En France, 4 millions d'enfants sont témoins de violences conjugales et 235 000 enfants seraient en danger. Les femmes, les mères se retrouvent devant un choix impossible. Soit, elles respectent le droit de visite avec le risque des violences que cela entraîne, soit, elles éloignent leur enfant, mais deviennent alors des délinquantes aux yeux de la loi !

Nous rejoignons dans sa demande, la Fédération nationale solidarité femmes, et sa représentante Françoise Brié, qui souhaite que la loi contre la violence faite aux femmes aille plus loin, et revoie de fait l'autorité parentale d'un parent agressif.

Enfin si l'IVG fait couler beaucoup d'encre dans les mobilisations féministes, les mères séparées elles, craignent plutôt l'EGV.

L'éloignement Géographique Volontaire, encore un " concept à charge" pour des mères, déjà taxées de fusionnelles, voire d'aliénante, qui fait que les femmes peuvent très facilement perdre la garde de leur(s) enfant(s) pour un éloignement géographique dû à la recherche d'un emploi ou d'une mutation professionnelle.

De la précarité en plus à gérer, ou le retour du patriarcat ?