Fin des Contrats Aidés

La grave fausse bonne idée...


En fin d'été la décision tombe: le nombre de contrats aidés prévu pour l’année 2017 est drastiquement baissé.
Les service public et les associations sont gravement touchés . De nombreuses femmes sont impactées, les monopraentales, les +45 ans..
Encore plus de précarité pour ces publics déjà fragilisés... encore plus de précarité pour les femmes et les mères.

Témoignage d'une maman...

Lettre à Monsieur Macron

Monsieur le président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps…

Je viens de recevoir la confirmation de mon non-renouvellement de contrat (aidé) au sein du lycée qui m’employait en province. Contrairement à ce qui était prévu en juillet.
C’est ma rentrée.
Ou plutôt cela ne le sera pas…au terme de l’été vous en avez décidé autrement.

Votre décision de réduire significativement les contrats aidés dans le secteur public* a mis à mal la rentrée 2017. Les établissements scolaires ont été impacté dans la gestion de leur ressources humaines. Les services doivent se réorganiser, les charges se répartirent sur les collègues. Les Dom Tom se voit dans l'obligation de différer l'ouverture des établissements scolaires…

Une décision abrupte, unilatérale, qui impacte un public déjà fragilisé ;  les demandeurs d’emploi de longue durée, les familles monoparentales - à dominante féminine -, aux personnes de + de 45 qui semblent « inemployables » sur le marché du travail, les mêmes à qui ont demande de travailler jusqu’à 62 ans. Quadrature du cercle.. !

On s’interroge de la brutalité de la mesure, et surtout du prévisible retour à la case Pole Emploi de nombreux « bénéficiaires » de ces contrats aidés, qui ne le sont pas par choix au regard du ½  smic perçu, mais se trouvant être le seul accès au retour à l’emploi, même précaire. 

Je fais partie de ce public boudé par un marché du travail fermé. Doublement fragilisée : monoparentale et + 45ans.
D’ailleurs pourquoi m’emploierait-on quand on m’a licencié «  à l’amiable » au bout de 12 ans d’ancienneté dans une entreprise -toujours florissante-, pour me remplacer par jeune salarié payé au smic, déjà remplacé plusieurs fois au demeurant.

J’entends dans les déclarations gouvernementales, qu’on ne peut pas se séparer d’un employé en France? Ah ?…les trains de licenciements que nous avons vu passés ne sont pas des réalités vécues par de nombreux français ? Les emplois du privé sont-ils garantis à vie ? Moi issue de la génération chômage, je n’ai jamais vu de difficulté pour un employeur à dégager quelqu’un dans le monde impitoyable du travail que je pratique depuis l’âge de 16 ans.

Au premier ministre qui déclare : « si les emplois aidés avaient été un instrument efficace de lutte durable contre le chômage, ça se serait vu". Je réponds : c’est ça, ou pas de travail aujourd’hui, pour bon nombre de personnes en difficulté. Je rappelle que ces contrats sont encadrés et soumis à des conditions d’accès en lien avec ce public.

Pour ma part j’ai réussi à retravailler grâce à deux contrats aidés, après deux ans sans emploi, mais pas inoccupée. J’ai candidaté sur des secteurs plus large, sollicité mes réseaux, effectué un bilan de compétence, validé mes acquis professionnels et obtenu un diplôme Bac +2, le tout en m’engageant dans le milieu associatif solidaire, me créant ainsi de nouvelles compétences.
Mais pas d’emploi à la clé malgré ma pluridisciplinarité et mon expérience professionnelle.

Trop âgée pour le marché. Périmée.

Notez que je ne suis pas « fière » de devoir solliciter un emploi de ce type à 650 euros/mois, - alors que j’en gagnais presque le triple -, mais c’est la seule porte qui s’est ouverte.
Cela m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences. La formation obligatoire a été consacré à 30 heures de remise à niveau en anglais.

 Grâce à cet emploi j’ai un complément d’activité qui permet à mon foyer monoparental, d’atteindre le seuil de pauvreté, autour de 1000 euros, comme près de 9 millions de personnes en France selon l'Insee et beaucoup de femmes et de mères comme moi,.

Certes je n’ai plus de complémentaire santé depuis deux ans, «  j’oublie » de changer de lunette -malgré un travail sur écran au quotidien-, je paie mes grosses factures (voiture, assurances, électricité , eau) quand c’est possible en plusieurs fois. Il n’y a pas d’Iphone+ à la maison.
On tient la tête hors de l’eau… jusqu’à la prochaine vague.

Celle que vous venez de générer , en sabrant ces contrats aidés sans autre forme de procès et sans plan B pour les bénéficiaires, hormis la « formation », classique baguette magique , qui ne transforme pas un quinqua en golden ladies&boys pour les entreprises. « Ca se saurait » comme dit votre premier ministre.

Celle encore qui arrive avec la baisse annoncée des aides aux logement, plus gros budget du foyer pour les français, après les – 5 euros d’APL, qui semble s’annoncer pérenne pour l’allocataire.

Je n’ai pas entendu de nouvelles mesures pour soutenir ces publics. Les « sans-dents » pour certains, et "ceux qui ne sont rien"  pour d’autres, servent le temps des isoloirs, et perdent tout attrait ensuite.

Monsieur le Président, force est de constater que pour moi c’est En Marche arrière.
Perspective que me laisse votre décision : Pole Emploi indemnisé 572euros/mois, plus de complément d’activité, le tout dés lundi.

Alors, c’est pas pour vous fâcher, mais il faut que je vous dise,

ma décision est prise,

pour le reste de votre mandat,

je m’en vais vous zapper.


Lucie D.

                                                                                                                                                       

------------------------------------------------------------------------------------
* Dans le secteur public et associatif (je n’évoque pas dans ce courrier les contrats secteur marchand).

 "J'ai pleuré tous les jours" 


 "J'ai pleuré tous les jours" : après l'annulation de leur contrat aidé, elles témoignent
Publié le 01/09/2017


"En plein milieu du mois d’août, le gouvernement a annoncé qu’il souhaitait mettre un frein aux contrats aidés qui permettent un retour vers l’emploi à des jeunes sans qualification, des chômeurs de longue durée ou encore des seniors exclus du marché du travail. Même si la ministre du Travail a affirmé que l’Éducation nationale restait un secteur préservé, à quelques jours de la rentrée scolaire, de nombreuses personnes ont appris que leur contrat ne serait finalement pas signé.Elles témoignent..." Janik LE CAÏNEC.