La pédophilie au grand jour : qui sont les victimes ?

Frédéric Mitterrand, Polanski

En tant qu'association de défense des droits des enfants, en tant que mamans et citoyennes, il est primordial pour nous de réagir à une actualité brûlante du moment.

Comment se fait-il que des personnages publics se targuent d'avoir des rapports sexuels, forcés ou non, payés ou non, punis ou non, avec des mineurs ? Comment peut-on les laisser dire ouvertement de telles choses sans un ferme rappel à l'ordre ?

Il nous semble insensé et dangereux que Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture, fasse publiquement l'apologie du tourisme sexuel, en des termes qui ne laissent aucun doute sur l'âge de ses partenaires (« pédophile », « gosses », « commerce des garçons », « foire aux éphèbes »…). Peu importe, à ce stade, qui a brandi le texte le premier et à quelle fin - cette utilisation politicienne ne nous concerne pas. Peu importe que Mr Mitterrand tente, avec une mauvaise foi évidente, de sauver sa peau en prétendant que ces « gosses » avaient quarante ans.

Rappelons simplement qu'avoir des relations sexuelles avec des mineurs est pénalement répréhensible en France ainsi qu'en Thaïlande - lieu des faits, pays dans lequel le gouvernement lutte contre la prostitution des mineurs depuis nombre d'années. Rappelons aussi que la prostitution dans les pays asiatiques concerne majoritairement des gens très jeunes.

Les droits de l'enfant, c'est le droit pour chaque enfant d'être profondément respecté. La convention des droits de l'enfant, 20 ans cette année

De même, les différentes personnalités à s'insurger contre l'arrestation de Mr Roman Polanski (dont Mr Frédéric Mitterrand) devraient s'astreindre selon nous à un devoir de réserve et de non-ingérence.

Il y a une trentaine d'années, Mr Polanski s'est rendu coupable d'avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille de 13 ans. Le tribunal n'a pas retenu le viol, mais peut-on parler de consentement lorsqu'il s'agit d'une enfant de cet âge ? Il n'en reste pas moins la charge de pédophilie, reconnue par l'auteur des faits lui-même, avant qu'il ne quitte le pays pour échapper à sa peine. Ce crime n'est pas prescriptible aux Etats-Unis. Et même s'il l'est en France, laissons donc la justice de ce pays faire son travail, sans intervenir, sans s'ingérer, comme nous le ferions pour n'importe quel prévenu anonyme. La notoriété ne devrait pas rendre impunis des crimes aussi graves…

Mr Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé, a, dans un premier temps, fustigé Mr Mitterrand pour son soutien indéfectible à Mr Polanski, puis, retournant sa veste, il l'a soutenu contre ses détracteurs au sujet de ses écrits.

Rappelons que Mr Cohn-Bendit a lui-même un passé controversé, et qu'il a dû lui aussi répondre de ses écrits, datant de 1975, et de ses déclarations télévisées dans les années 80, pour avoir fait ouvertement et sans ambiguïté une apologie de la pédophilie.

Là encore, on a voulu faire diversion et mettre sur le dos de la libération sexuelle de 1968 tout un tas de pratiques criminelles. Mais ne mélangeons pas tout : le grand pas en avant et les avancées nécessaires de mai 68 ne doivent pas masquer et encore moins justifier et dédouaner ceux qui, jusque là restés dans l'ombre, ont profité de l'occasion pour crier au grand jour leurs pratiques pédophiles (cf. articles de Libération sur le sujet, de 1977 à 1982, faisant mention, notamment, de la création du FLIP, le Front de Libération des Pédophiles (sic) ).

C'était l'esprit de «Libération»

Silence assourdissant aussi, de la rédaction du journal « Libération », quant en mai dernier (mois symbolique) Franck Demules* raconte son «Petit tour en enfer» dans son livre confession, ou comment un enfant de 11 ans peut avoir un tuteur pédophile -journaliste reconnu de Libé -, au vu et au sus de tous. « Tout le monde savait » dira Franck, aujourd'hui assistant personnel de Carla Bruni Sarkozy.
Des témoins de cette époque, Trente ans plus tard, ne se reconnaitront pas des acteurs d'un protectionnisme ignoble. Trente ans plus tard, on parle encore d'enfant transformé en objet sexuel, soumis à la loi du plus fort, ou celle de la survie…

* «Un petit tour en enfer», Franck Demules, Ludovic Perrin Ed Du Moment

Encore une fois, il nous importe peu de savoir qui, actuellement, utilise ces faits, et quelles sont les manœuvres politiciennes qui en dérivent. Les écrits restent et ne sont pas contestés par leurs auteurs. La sollicitude, voire la compassion mielleuse qui tend à auréoler aujourd'hui ces personnages n'ont pas lieu d'exister.

Il ne faut pas détourner l'attention, brouiller les esprits et intervertir les rôles. Les victimes, dans toute cette histoire sordide, restent encore et à chaque fois les enfants. Ne l'oublions surtout pas.

Léti, maman SOS, et toute l'équipe
-oct09-

Ils ont écrits....

Extraits dans le texte :

- Frédéric Mitterrand, Mauvaise Vie, 2005 :
« Je mesure le chemin parcouru par la réputation des Français, depuis le french-lover hollywoodien des années 30 au pédophile planqué des années 2000. (…) malgré ma méfiance à l'égard de la duplicité des médias je sais ce qu'il y a de vrai dans leurs enquêtes à sensation ; l'inconscience ou l'âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé ou crapahutent la pègre et les ripoux, les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n'en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages et les enchaîne, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. (…)
Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de refréner ou d'occulter. »

- Daniel Cohn-Bendit, Le Grand Bazar, 1975 :
« Il m'était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais: “Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m'avez-vous choisi, moi, et pas les autres gosses?”. Mais s'ils insistaient, je les caressais quand même.»
« J'avais besoin d'être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu'ils dépendent de moi. »

Et D. Cohn-Bendit à Apostrophes en 1982 :
http://www.dailymotion.com/video/x9jasr_cohn-bendit-et-la-pedophilie_news

L'association des Elu-e-s contre les violences faites aux femmes

"L'ECVF s'étonne que, pour certains, une agression sexuelle, même sur une enfant de 13 ans soit insignifiante ou +pas si grave que ça+ (...) La banalisation publique des agressions sexuelles, lorsqu'elle est le fait de personnes ayant des responsabilités politiques et qu'elle se double de complaisance comme dans le cas présent, nous apprend que la tolérance de notre société envers ces violences, même lorsqu'elles sont perpétrées contre des mineur/es, est encore trop prégnante".


-Editorial du Times -"C'est extraordinaire. Même si les chefs d'accusation les plus sordides ont été abandonnées, Polanski aura été pendant ces trois dernières décennies un pédophile avoué et condamné, en fuite"

Pour Frédéric Mitterrand, un « gosse » ou un « boxeur de quarante ans », c'est pareil... Yves Meaudre, directeur général d’Enfants du Mékong

Enfants du Mékong