Le plan diabolique du père divorcé

Fabrice Devaux SOS PAPA

|29.01.2009 |

Au départ, il ne s'agissait que d'un conflit parental au sujet de la garde d'enfants. Six ans plus tard, le parquet de Caen (Calvados) vient de renvoyer en correctionnelle un homme de 39 ans pour avoir organisé la tentative de séquestration de son ex-compagne. Un roman noir où se mêlent haine conjugale, coups tordus, exil aux Antilles et barbouzeries.

L'histoire débute par une belle photo de famille. En 1995, Fabrice Devaux, ancien étudiant en école de commerce, mèche blonde, la mise toujours soignée, s'éprend de Marie, une jolie brune discrète qui poursuit un doctorat en pharmacie. De leur union naissent une fille en 1998 et des jumeaux en 2000. Le couple se déchire trois ans plus tard et se retrouve devant un juge aux affaires familiales pour la garde des enfants. L'enquête de personnalité décrit Fabrice Devaux comme quelqu'un pour qui " la réussite sociale prime ", ajoutant que la séparation " constitue une blessure narcissique ".

30 000 € pour séquestrer son ex-compagne

La justice fixe la résidence des enfants au domicile de leur mère à Caen. Un crève-coeur pour Fabrice Devaux installé à Jouques (Bouches-du-Rhône). Celui-ci se plaint de ne pas jouir pleinement de ses droits de visite. Il fabrique un faux jugement lui accordant la garde de ses enfants. Août 2004, Fabrice Devaux, muni d'un faux passeport au nom d'Eric Mugnier s'enfuit en Australie avec ses trois enfants. Le séjour tourne court. Les services de l'immigration australiens renvoient le faux Eric Mugnier et ses enfants en France. Malgré un bref passage en prison, Fabrice Devaux n'abdique pas. Août 2005, lors de sa visite dans un centre protégé, le cadre commercial enlève à nouveau ses trois enfants. Direction l'Espagne, l'Italie et la Suisse pour la découverte des parcs d'attractions.

Pour brouiller les pistes, Devaux multiplie ses points de chute. Après son escapade européenne, il embarque avec ses enfants sur un catamaran vers les Antilles. Une nouvelle vie sur les îles, abrégée au bout de quelques mois par l'interpellation du fugitif. Avant sa condamnation à un mois de prison, Fabrice Devaux, placé sous contrôle judiciaire, plaide sa cause sur le plateau de l'émission " Ça se discute " de Jean-Luc Delarue en septembre 2007 sur les familles déchirées.

La chance semble désormais lui sourire. La brigade des stupéfiants à Caen a reçu des messages anonymes qui signalent que son ex-compagne cache de la drogue dans sa Kangoo. " La pharmacienne de Caen alimente les soirées bourges ", avertit le corbeau. Les enquêteurs retrouvent 100 g de cocaïne à l'endroit indiqué. Mais les sachets plastique contenant la drogue proviennent d'un hypermarché proche… du domicile de Fabrice Devaux.

Ce dernier est alors placé sous écoute. Se servant d'une dizaine de portables et de cabines téléphoniques, l'ancien fuyard aurait proposé 30 000 € à deux légionnaires du Vaucluse pour séquestrer son ex-compagne. Lors des perquisitions, une malle et un pistolet anesthésiant pour bovins sont retrouvés. Un des légionnaires détient des photos du logement de la pharmacienne. Au fil des investigations, huit personnes sont arrêtées, dont des proches de Devaux et des membres de SOS Papa, une association de défense pour les pères divorcés. Tous sont suspectés à des degrés divers d'avoir participé soit à la cavale de Devaux, soit au trafic de stupéfiants, ou encore à l'association de malfaiteurs en vue de commettre une séquestration. Joint hier, Jacques Martial, avocat du suspect principal a indiqué qu'il réservait ses " déclarations pour le procès ".

François Vignolle

Le Parisien

Verdict :

Fabrice Devaux, a été condamné à six ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Caen pour avoir notamment projeté l'assassinat de son ex-compagne, mère de leurs trois enfants. La victime, Marie L., recevra 37.000 euros de dommages et intérêts et pour frais d'avocats, ses parents 3.000 euros chacun, a décidé le tribunal.
Huit autres prévenus dans l'affaire ont été condamnés à des peines allant de 30 jours-amende à 10 euros (soit 300 euros), à deux ans de prison ferme.