« Mère…, le gros mot ? »

C'est à se le demander. Etre une femme de la société dite « moderne », ce n'est pas, on le sait, simple, mais être mère c'est encore plus compliqué! Une « invisibilité » sociétale soigneusement cultivée par la société et pour certaines le symbole même de « l'aliénation » de la femme, au parfum "d'essentialisme"..

Aujourd'hui il semble qu'il n'y est plus que Blédina pour « être du côté des Mamans » !

Pourtant les femmes/mères, ont besoin de cette reconnaissance. C'est au prix de beaucoup de d'énergie dépensée, de fatigue, d'abnégation, qu'elles tiennent à bout de bras leur famille, leur vie parfois fragmentées, et assument toutes leurs fonctions. Des berceaux de vie forts et fragiles à la fois, qu'il faut aider, soutenir, soulager et bientraiter.

Wonderwoman ou Superwoman...il y a un moment ou ces superlatifs ne sont plus gérables avec le sourire dans une société qui ne reconnait ni l'investissement, ni la fonction prépondérante des femmes /mères. Leur burn-out est tangible…

« Féministe et maman… oui et alors ? »

« La seule attitude cohérente quand on a réellement pris conscience de ce que notre société a fait de la maternité est de la refuser »

Cette dénonciation quasi systématique de la maternité, fut l'une des particularités du mouvement féministe français contemporain. Devenu la « principale arme de leur oppression » la maternité est, pour les militantes des années 70, un esclavage dont elles doivent absolument se libérer. Elles jettent alors leur soutien gorge, le bébé et l'eau du bain, pour se lancer à corps perdu dans une émancipation toute neuve qui ne tolère plus aucun asservissement «naturaliste». Même si un contre courant poindra, à partir des années 1976_1980 , la « maternitude » restera moins marquante pour le mouvement féministe, encore aujourd'hui bien ancré dans ses prises de position premières dissociant le féminin et le maternel.

“Quand une femme devient mère, elle expérimente un changement fondamental et irréversible dans sa manière de voir les choses, ses priorités et ses préférences.”
(Témoignage Enquête Mères en Europe2011 MMM)

4O ans plus tard ou en sommes nous ?

Les femmes sont bien sorties de leur « cuisine » pour investir le marché de l'emploi, et ont… toujours des enfants. (Chassez le maternel il revient au galop)
Les françaises affichent un taux d'activité supérieur à leurs consœurs européennes et un taux de fécondité très honorable, dont se félicitent d'ailleurs, les politiques et la société. Mais force est de constater que cette dernière ne s'est pas organisée autour de la fonction maternelle consubstantielle aux femmes, mais « en dépit » de cette maternité. Les crèches d'entreprises par exemple n'ont pas été une priorité pour la communauté. Le temps de travail n'a pas été organisé en regard de la charge parentale (et domestique) que les femmes assument encore à 80 % quand elles sont en couple -malgré l'avènement d'un « nouveau père » statistiquement minoritaire-, et 100% quand elles sont séparées de leur conjoint et en situation de monoparentalité. Des systèmes de compensions ne sont pas mis en place dans les calculs des retraites des femmes qui ont des interruptions de carrière, les formations ne sont pas proposées après un arrêt maternité pour les mères sans emploi.

Une femme moderne en « 240 heures chrono »…

“Je vis deux journées de travail en une: mon emploi en dehors de la maison et mon travail pour prendre soin de mes enfants quand je rentre à la maison. Il y a les repas à préparer, les devoirs à surveiller, le ménage à faire, sans compter les courses. J'aimerais tant avoir plus de temps pour me concentrer seulement sur mes enfants sans devoir tout le temps leur dire : “Tu me raconteras ça plus tard, nous sommes pressés maintenant” J'ai le sentiment de courir sans arrêt et de manquer de temps pour tout. Je suis épuisée.”
(Témoignage Enquête Mères en Europe2011 MMM)

Mère : « la cécité statistique et sociétale»

Elles sont plus de 17 millions en France, ces citoyennes, (et électrices) mais un statut de seconde classe leur est réservé, et l'invisibilité de leurs problématiques est choquante. Un grand nombre de ces mères ont recours à l'aide sociale.
Quelle voix parle pour elles ? Qui prend en compte la spécificité de leurs difficultés? Qui prend acte d'injustices criantes qu'elles subissent ?

Etre une femme active est une chose, être une mère qui travaille relève du combat quotidien.
Etre une femme seule est difficile, être une « monoparentale » est passablement critique.
Etre une femme dans la précarité c'est douloureux, être une mère avec ses enfants dans la rue c'est particulièrement dramatique.
Etre une femme confrontée à la violence masculine est odieux, être une femme/mère confrontée à la violence intra familiale est ingérable.

Nous alertons les pouvoirs publics et les acteurs économiques et sociaux sur les évolutions nécessaires pour une meilleure prise en compte de la maternité dans notre société.
Parce que les mères le valent bien !

“ Réalisez l'importance du rôle de la mère pour le bien-être de la société en général. C'est par elle que commencent à la maison les valeurs de paix, de respect des autres, de don de soi et tout ce qui permet de vivre en paix.”
(Témoignage Enquête Mères en Europe2011 MMM)”

Aide et mesures pour les femmes/mères

Il faut des réponses sociétales et juridiques, qui renforcent la protection des femmes et des mères, concernant :

>>>Le marché du travail (Egalité salarial pour responsabilités égales - Permettre aux temps partiel de cotiser sur la base d'un temps complet avec participation de l'employeur - Accès à des formations spécifiques post congé mat - Crèches d'entreprises - Meilleures conditions de retour à l'activité professionnelle après la grossesse - Offrir des possibilités d'insertion sociale et professionnelle durable)

>>>La paupérisation croissante des femmes et des mères (Aide spécifique famille monoparentales - Allocation familiale dès le premier enfant- Aide à l'acquisition d'un logement « Plan Borlo » Accession à la propriété HLM)
L'appauvrissement résultant des séparations parentales (Recouvrement des pensions alimentaires - Quotient familiale non impacté par les contributions à l'entretien et l'éducation des enfants (CEEE)

>>>Les violences intrafamiliales (Prise en compte de ces violences dans la protection et les droits de garde des enfants - Sensibiliser les acteurs sociaux et les intervenants sur les liens d'attachements et les besoins des enfants.)

>>>L'aide aux familles monoparentales (octroi de chéquiers CESU prépayés pour garde d'enfants, bricolage, ménage..)

>>>Les compensations du système de retraites (Prise en compte des 100 meilleurs trimestres et non les 25 meilleures années pour la détermination du montant de la pension, ce qui correspond à la même durée de cotisation.)

Mais aussi :
>>> le soutien prénatal (Renforcer ce soutien et dépister les violences lors de l'entretien du 4e mois - Développement des « projets de naissance » et des « Unités mère/enfant »)

>>> L'allongement du congé de maternité et du congé parental (Suivre les recommandations du Parlement européen proposant que le congé maternité soit porté à 20 semaines, avec un financement à 100 % pendant les 6 premières semaines et à 85 % le reste du congé, pour les salariées et les non salariées)

« Ce que les mères d'Europe veulent » la Grande Enquête des Mères en Europe *

En 2011, l'ONG internationale ; le Mouvement Mondial des Mères, consulte les mères à travers l'Europe et analyse les réponses de plus de 11 000 mères. Les femmes nous donnent des informations sur leurs défis, leurs priorités et leurs souhaits concernant leur bien-être et celui de leur famille…

« Très clairement, les mères veulent que les familles soient considérées comme source de cohésion sociale et comme ressource pour la société entière. En éduquant et prenant soin de leurs enfants, elles travaillent pour le futur de nos sociétés. » -Elles revendiquent la liberté de choix:
Grande Enquête des Mères en Europe-2011

“Nous, les mères, aimerions avoir la possibilité d'élever nos propres enfants, avoir de la flexibilité dans nos horaires de travail ou pouvoir prendre une pause-carrière en fonction de l'âge de nos enfants. S'il vous plait, facilitez notre retour sur le marché du travail quand les enfants sont suffisamment grands pour aller à l'école.”
(Témoignage Enquête Mères en Europe2011 MMM)

Enfin,"l'importance du rôle du père dans la vie des familles européennes ne fait aucun doute" dans cette grande enquête, 80% des répondantes indiquent que" leur mari/partenaire est habituellement le principal soutien émotionnel et financier". On note néanmoins un investissement moindre dans la prise en charge de l'intendance du foyer et des enfants.

Pourtant selon une étude américaine* " Les hommes qui font la vaisselle ont une meilleure vie sexuelle (…) le fait de partager les tâches ménagères est associé avec un niveau plus élevé de satisfaction matrimoniale", peut-être une bonne raison pour plaider pour le retour des écoles ménagères… au masculin : )

* source:"Les couples dont l'homme fait la vaisselle ont une vie sexuelle plus épanouie"
NOUVELOBS.COM | 23.06.2008 |