Punie pour avoir allaité!

« L'angoisse et le désespoir d'une mère à qui l'on a arraché la fillette qu'elle tenait dans les bras est interprété comme un signe évident d'instabilité mentale par ceux qui affirment la protéger. »Elle s'appelle Habiba et est KO depuis que le 30 mai, les services sociaux de la région de Madrid lui ont brusquement retiré la garde de sa fille de 15 mois pour la placer dans un centre d'accueil.

Battue par son compagnon et désenfantée par les services sociaux

Elle s'appelle Habiba et est KO depuis que le 30 mai, les services sociaux de la région de Madrid lui ont brusquement retiré la garde de sa fille de 15 mois pour la placer dans un centre d'accueil.

« Habiba est effrayée, désespérée », expliquait l'association de protection de l'enfance Fundación Raíces peu après dans une lettre ouverte. Avant de dénoncer :

«L'angoisse et le désespoir d'une mère à qui l'on a arraché la fillette qu'elle tenait dans les bras est interprété comme un signe évident d'instabilité mentale par ceux qui affirment la protéger. »

Près d'une semaine plus tard, la mère n'a pu voir son bébé qu'une heure, le 9 juin.

« Elle répète encore et toujours la même phrase : “Ils ne me rendent pas ma fille”, a témoigné le lendemain Lourdes Reyzábal, présidente de la fondation, dans les pages du quotidien El Mundo.

L'allaitement, “chaotique et nuisible” pour les petits enfants

Habiba est un pseudonyme. La jeune Marocaine de 22 ans au cœur brisé et aux seins gonflés par le lait que sa fille ne tête plus depuis dix jours doit être protégée "par la plus grande confidentialité", explique-t-on à la fondation, débordée par l'ampleur médiatique que commence à prendre son combat.

Maltraitée par son ancien partenaire, Habiba avait trouvé refuge avec sa fille dans un centre social d'accueil pour mères et enfants géré par le gouvernement de Madrid.

Le 30 mai, l'Institut madrilène des mineurs et de la famille (IMMF) apprend à la jeune femme qu'il assume la tutelle de la fillette.

On lui reproche de ne pas suivre le programme prévu pour elle et la petite. Un programme qui consistait à suspendre l'allaitement, considéré "chaotique et nuisible pour les petites filles et petits garçons", assure la fondation Raíces.

‘On pourrait croire à une mauvaise blague'
L'IMMF cite aussi "le manque de ressources économiques, de soutiens familiaux". La fondation qui a pris en charge la défense de la jeune femme s'indigne :"Si cette histoire n'était pas vraie, on pourrait croire à une mauvaise blague : comment peut-on reprocher à une mère qui est accueillie par un service public pour familles en situation à risques de manquer de moyens économiques. "

Son avocat demande à la justice madrilène qu'elle annule la décision des services sociaux et dicte une mesure préventive d'urgence pour réunir immédiatement la mère et la fille.

La mauvaise blague ne s'arrête pas là :Habiba a été expulsée du centre d'accueil dès qu'on lui a retiré sa fille.
Pourquoi en effet l'héberger dans un centre pour familles en difficulté si elle n'a plus d'enfant ?

Elle a finalement trouvé refuge auprès d'une association humanitaire.

La région de Madrid a réagi cette semaine en affirmant qu'aucun mode alimentaire n'était imposé dans les résidence de ce type, tout en veillant cependant toujours au bien-être du bébé.

En plus de l'allaitement "chaotique", les rapports émis par les professionnels du centre évoquent ‘ l'agressivité ' dont
Habiba aurait fait preuve envers les autres pensionnaires. On l'accuse de ne pas pouvoir ‘ actuellement offrir à la fillette l'attention, les soins et la sécurité dont elle a besoin. '

Mais une lettre adressée aux services sociaux peu après la séparation et largement diffusée sur Internet met à mal
cette version.

"Une profonde blessure qui risque de laisser des séquelles" Son auteur, Ibone Olza, est pédopsychiatre et professeur à l'Université Autonome de Madrid.

Elle a pu rencontrer Habiba dans les premiers jours et estime que la mère, qui ‘ souffre énormément de la séparation mais
(…) ne présente aucun trouble psychologique et ne consomme pas non plus de produits toxiques'. ”

"Pour une fillette de 15 mois, être brusquement séparée de sa mère et déplacée dans un autre centre où elle ne connaît aucun adulte représente une profonde blessure qui peut laisser des séquelles psychiques si on n'y remédie pas rapidement. "

À propos de l'allaitement, Ibone Olza démonte également la théorie des responsables du centre :

"Vous m'avez informé que la mère semblait offrir le sein lorsque la petite pleurait ou se donnait un coup, de manière émotionnelle et non nutritionnelle, voire même chaotique.C'est précisément ce que nous, professionnels de la santé, recommandons à toutes les mères. "

Aussi bien l'association espagnole de pédiatrie que l'Unicef recommandent l'allaitement maternel pendant au moins
deux ans et insistent sur le fait qu'il doit être "à la demande" , c'est à dire chaque fois que le nourrisson le demande ou que la mère le désire. "

La parquet de Madrid a affirmé le 9 juin qu'il soutenait la plainte de la jeune femme avant de préciser quelques heures plus tard qu'il allait étudier plus en profondeur le dossier.

Déjà un groupe de soutien international

Des mamans blogueuses et d'ardents défenseurs de l'allaitement sont les premiers à s'être fait l'écho de l'affaire sur
Internet.

Rapidement, la détresse d'Habiba a attiré les réactions de solidarité de milliers de personnes, en Espagne et bien au-delà. Sa première page de soutien sur Facebook compte déjà près de 5 000 membres et un groupe "international" en anglais est apparu le 10 juin.

C'est une blogueuse émue par le sort d'Habiba qui a crée le logo repris depuis dans toutes les manifestations de soutien sur Internet.

Merci Elodie de cette alerte que nous relayons.