"Une affaire conjugale" - Interview Eliette Abecassis
Nous avons le plaisir de compter parmi nos membres d'honneur l'auteure Eliette Abecassis. Elle signe « Une affaire conjugale » un roman paru aux éditions Albin Michel et nous accorde une interview..
Bonjour Eliette, nous sommes ravies de pouvoir nous entretenir avec vous, pour évoquer votre roman « Une affaire conjugale » paru aux éditions Albin Michel. C'est l'histoire d'une femme qui découvre de manière « inopinée » que le père de ses enfants mène une double vie, C'est l'histoire d'une vie qui bascule dans le mensonge et la trahison … Peut-on dire que cette histoire est un peu la vôtre ?
" « Une affaire conjugale » est un roman, qui ne parle pas seulement de mon expérience mais de celles de beaucoup de femmes que j'ai pu observer, qui divorçaient autour de moi. J'ai imaginé cette histoire qui me semblait être le reflet d'une certaine réalité et notamment l'impression de découvrir avec qui on vit dans le processus de séparation, qui agit suite à une prise de conscience, et qui est souvent un révélateur de toutes les illusions."
Comme on l'opposera plus tard à cette femme, difficile de convaincre l'entourage du vrai visage de cet homme puisque l'héroïne elle-même va mettre des années à appréhender la véritable personnalité du père de ses enfants. Y'a t'il néanmoins des signes « avant coureurs » qu'il ne faut pas minimiser?
" Il y a plein de petits signes qui sont comme des notes dissonantes que l'on s'évertue à ne pas voir mais qui font sens après. Le rapport à l'argent, à mon sens, révèle toute la vérité d'un homme. Un homme radin, ne sera pas généreux en amour, autant conjugal que paternel. "
Une relation qu'il serait assez simple d'arrêter si il n'y avait pas les enfants, ici des jumeaux, alors bébés. Une séparation conjugale doublée d'une séparation parentale. Un scenario qui se retrouve dans le quotidien de beaucoup de couples aujourd'hui, (un sur deux et/ou trois, se séparent selon les régions), et qui aboutit devant les tribunaux de la République. Comment est-ce géré selon vous par les acteurs sociaux/judicaires, et quelles sont vos ressentis de « justiciable » ?
" Cette guerre juridique ne fait qu'envenimer les choses, parce que la loi est mal faite. Tout d'abord, elle incite à une cohabitation qui peut se révéler dangereuse et même fatale (sous peine de « désertion du domicile conjugal ». Et aussi avec la garde partagée, c'est un vrai déchirement que vivent très mal les mères et les enfants parce que tout le monde sait, même les animaux, qu'on ne sépare un enfant de sa mère, surtout quand il est petit. Cette loi est barbare. Nous sommes dans une société de fous. "
Quels sont les exigences de la justice, et quels seraient vos conseils pour passer au mieux cette épreuve, quant on est une femme qui fait le choix de la séparation et qui a des enfants?
"Lorsque le divorce se passe mal et qu'on a affaire à un ex très haineux, il faut se protéger au mieux, recueillir toutes les preuves possibles, être prête au combat s'il le faut. Et aussi, en amont, veiller à préserver l'orgueil et la vanité de la personne de laquelle on se sépare. Toute la clef du divorce est là, et souvent, on est dans un tel état psychologique et moral qu'on n'y pense pas. "
Des enfants qui voient leur père de manière très régulière dans le cadre d'une garde « élargie* », comment cela se passe t'il, est-ce une alternance gérable?
" C'est très difficile parce qu'ils sont deux jours chez l'un, un jour chez l'autre pendant la semaine où ils sont en week-end chez le père. Mais c'est aujourd'hui le moindre des maux."
(* Partage des weekends end entre les parents, plus les mi-semaines en alternance pour le parent non gardien)
Vous êtes une femme « d'aujourd'hui », mère, mais aussi une femme active, qui a une identité en dehors de la maternité, pourtant ce lien qui vous unis à vos enfants semble capital et doit être préservé malgré le choix de se séparer d'un conjoint. Actuellement on parle de plus en plus d'égalité des genres (et donc de traitement égalitaire) entre parents séparés, vous nagez à contre-courant ?
"Oui, les hommes et les femmes sont différents, faut-il le rappeler. Les pères ne sont pas des mères. Et vice versa. L'égalité est absurde et néfaste dans ce domaine là. Il est essentiel que les enfants voient leur père, tout comme il est essentiel qu'ils aient un minimum de stabilité dans leur vie. Je pense qu'on fait attention à l'égalité des adultes mais pas au bien-être des enfants."
Que répondez vous à ceux qui souhaitent imposer un mode de garde égalitaire (résidence alternée) par défaut en cas de séparation parentale ? L'intérêt des enfants comme on nous le dit ?
" L'intérêt des enfants est bafoué dans ce domaine. Les psychologues ont montré les effets catastrophiques de la garde alternée (voir « Le livre noir de la garde alternée ». C'est un problème de santé publique. C'est pourquoi il faut aujourd'hui abroger cette loi*.
* loi de mars 2002
La maternité, le maternage, la « maternitude » est déconsidéré par un certains nombre de féministes de la génération « 68 » (comme Mme Badinter) et reprise par de jeunes militantes. C'est pour elles une aliénation de la femme qu'il faut réduire au minimum,… qu'en pensez-vous ?
"On n'en est plus là. On peut être une femme active, gagner sa vie et avoir envie de s'occuper de ses enfants, et de les allaiter. C'est plus incompatible. C'est complémentaire."
Avoir des enfants semble être une fragilité supplémentaire (voire un handicap) pour les femmes dans notre société, que diriez vous des réalités pénalisantes faites aux femmes parce qu'elles sont mères aujourd'hui, et pensez vous qu'il faille se mobiliser pour elles, et se pencher plus sérieusement sur ces difficultés, liées directement à leur maternité , que cela soit un enjeu sociétal ?
"Oui, cela me parait vital."
Merci infiniment Eliette d'avoir accepté d'être membre d'honneur de notre association : ) et j'invite les lecteurs à lire votre Petit bilan de la condition féminine. http://www.eliette-abecassis.com/index.php| Lire
(SOS les MAMANS juillet2O11 - Tous droits réservés)
Site de l'auteure
Eliette Abecassis
Albin Michel - , 2010
325 pages
20 euros