"Dans la gueule du loup" - Interview de Marianne Guillemin
Les pervers manipulateurs (trices).
Ils sont "charmants" mais terrorisent leurs victimes. Ils changent de masque suivant les besoins, tantôt séducteurs parés de toutes les qualités, tantôt victimes .La société, la justice, les personnels sociaux, l'entourage, les adoubent, grâce à leur pouvoir de séduction et cette capacité qu'ils ont de "renverser la charge».
Ils existent dans tous les groupes sociaux et plus ils ont de pouvoir, plus ils exercent confortablement leur perversion manipulatoire et destructrice. Les enfants sont aussi leur « objet » de possession, et souvent dans les séparations conjugales, ils obtiennent leur garde pour les transformer en petit soldat armé contre leur autre parent. Ceux qui en sont victimes sont laminés, au bord du suicide, et pour les mères, désenfantées par un système judiciaire non informé, non formé.
Ces femmes (et hommes) sont alors au bord du suicide, quand on leur a volé leur force vital, quand leur image personnelle et public est salie, quand leur confiance en eux détruite, leur réputation entachée… Quand les instances prennent fait et cause pour eux...c'est la jouissance extrême.
Peut-on se libérer de l'emprise d'un pervers narcissique ? Marianne Guillemin, mariée à un l'un deux témoigne dans son livre « Dans la gueule du loup ». Elle nous explique les étapes de l'emprise et la difficulté de se séparer, mais aussi la mauvaise compréhension de la justice et la difficulté de se reconstruire. C'est un livre passionnant que nous recommandons à tous... avec un conseil : soyez vigilent.
Interview de Marianne Guillemin* par Claire maman SOS.
*Journaliste, chargée de communication au ministère de la Défense durant trente ans, Marianne Guillemin collabore à La Tribune/le Progrès. Elle est l'auteur d'Officiers de communication : le parcours des combattantes (l'Harmattan, 2013).
Merci Marianne de nous faire partager votre douloureuse expérience, à travers la parution de votre livre « Dans la gueule du loup » aux Editions Max Milo, Bonjour Marianne, merci de nous faire partager votre douloureuse expérience, à travers la parution de votre livre « Dans la gueule du loup » aux Editions Max Milo, qu'est-ce qui vous a poussé à raconter votre histoire ?
"J'ai raconté cette histoire pour tenter de mettre en lumière cette forme de perversité encore mal connue et permettre une prise de conscience collective. Mais aussi éventuellement pour aider celles qui sont encore sous cette emprise. Le fait de se reconnaître comme victime d'un pervers valide en quelque sorte la souffrance. Et pour aider également les proches de victimes, afin qu'elles soient plus à même de dépister et d'apporter un soutien très important."
Votre récit met en lumière le phénomène d'emprise du conjoint violent ; pouvez-vous nous décrire ce phénomène ?
"L'emprise se met en place insidieusement. Il y a la phase de séduction (variable dans le temps selon les histoires) puis, quand le piège est en place la phase de stupeur et de déni, où l'on cherche à comprendre et à retrouver le prince charmant qui nous a séduite. Ensuite vient la phase d'adaptation, on cherche à temporiser, à éviter les crises ( en mode survie) et enfin, la dernière phase est celle du déclic, on comprend que l'on ne peut rien faire et il faut partir. J'ajoute qu'il y a une dernière phase, celle de la reconstruction, qui peut prendre du temps."
Vous expliquez qu'il faut beaucoup de force pour partir, quitte à perdre son confort, son argent. Vous expliquez avoir dû travailler en plus la nuit. Comment avez-vous tenu le coup ?
"J'ai tenu le coup parce que j'étais jeune. Ce qui explique que les femmes qui tardent trop sont trop épuisées pour réagir et peuvent y rester toute leur vie… à50 ou 60 ans on est plus vulnérable, plus sensible aux aspects matériels… et aussi grâce à les enfants, ils ont été ma force, ils ont guidé mes choix et mes efforts, comme je le dis, je suis d'abord restée pour eux, puis je suis partie pour eux."
Vous parlez des mesures de justice qui ne tiennent pas compte des violences du conjoint et qui finalement ne conviennent à personne. Comment expliquez-vous que la justice dénie ces situations et obligent les enfants à voir un père violent ?
"La justice ne tient pas compte de ce mode de violence par ignorance, et aussi parce qu'il est vrai que ce sont des personnalités difficiles à cerner. Ils bernent même les psys parfois ! Mais aujourd'hui s'ajoute un autre phénomène : la justice, comme toutes les institutions, est malmenée, moins de moyens, moins de tribunaux et les juges n'ont pas le temps, ils vont au plus vite et achètent une sorte de paix sociale de façade pour classer un maximum d'affaires en un minimum de temps. Le mot d'ordre est : entendez- vous entre vous…. Alors que comme disait mon avocat « si on divorce c'est en général parce qu'on ne s'entend pas ! "
Vous parlez de vos trois enfants. Vous expliquez qu'ils ont eu des réactions différentes. Ils n'ont souvent même pas raconté certains faits qu'ils subissaient à un psychologue. Avec le recul, comment l'analysez-vous ?
" Les enfants (les miens) ne disaient rien car leur père les menaçait (sinon votre mère ira en prison) et car ils ont vite compris que je ne pouvais rien faire pour les soustraire à leur père. Ils m'en voulaient d'ailleurs, mon fils disait « tu t'en est sortie et, nous on doit y aller, ce n'est pas juste » et puis je crois aussi qu'un enfant protège son parent, quoique il arrive, il y a une phase où il le défend.. ils cherchent l'amour de leur père."
Selon vous, que devrait faire la justice pour aider les enfants ?
"La justice devrait se former à reconnaître ces cas et peut-être faire confiance aux professionnels de l'enfance. Ils ne sont pas écoutés, sinon on ne mettrait pas en place à tour de bras des gardes alternés pour des petits alors que tous les pédopsy et autres expliquent que c'est très mauvais pour l'enfant !Oui, les hommes et les femmes sont différents, faut-il le rappeler. Les pères ne sont pas des mères. Et vice versa. L'égalité est absurde et néfaste dans ce domaine là. Il est essentiel que les enfants voient leur père, tout comme il est essentiel qu'ils aient un minimum de stabilité dans leur vie. Je pense qu'on fait attention à l'égalité des adultes mais pas au bien-être des enfants."
Vous avez fait votre vie et avez déménagé. Est-ce la seule solution selon vous pour se libérer du loup ?
"Partir est une solution, mettre une distance morale aussi. Ensuite malheureusement, il faut laisser faire le temps, quand les enfants grandissent, ils se rebellent et le père a plus de mal à les manipuler et à exiger leur venue. Le problème avec ce genre de personnage c'est qu'il se nourrit du conflit. Il faut réussir à laisser tomber le combat (du moins le lui faire croire), les actions en justice….quand il verra que toutes ces nuisances ne vous énervent plus, que vous ne réagissez pas il arrêtera car il n'y aura plus d'intérêt pour lui… enfin ce n'est pas facile avec de jeunes enfants, je sais bien….
Quels conseils donneriez-vous à des mamans victimes d'un conjoint violent ?
"Le seul conseil à donner c'est de partir, de quitter le pervers, il n'y a que cette issue, partir ou subir. Et s'entourer de bonnes personnes, ne pas s'isoler. Ensuite il faut prendre sa vie en mains et se donner comme objectif d'aller bien et d'être heureuse car c'est ce qui aide le plus les enfants. Une mère heureuse, souriante avec des projets les rassure plus que tous les combats. Tisser autour d'eux une vie sereine, ils feront ainsi la différence entre les moments avec vous et ceux avec leur père et c'est important pour leur avenir. Ils se ressourceront auprès de leur mère. Il ne faut pas qu'ils aient l'impression que le combat est des deux côtés."
Merci infiniment Marianne nous invitons les mamans à lire votre témoignage parue aux editions Max Milo « Dans la gueule du loup » En savoir plus
(SOS les MAMANS Mars 2O14 - Tous droits réservés)
EDITEUR : MAX MILO
DATE DE PARUTION : 30/01/14
325 pages
15,20 €
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